Préface du traducteur

Electronic edition provided by the Center for the History of Women Philosophers and Scientists, University of Paderborn, in cooperation with the National Library of Russia, Saint Petersburg, and the Centre international d’étude du XVIIIe siècle, Ferney-Voltaire.

Transcription, encoding, annotations by Andrew Brown, Ulla Kölving, Stefanie Ertz.

Source

MS1: National Library of Russia, Saint Petersburg, Voltaire Library, 5-240, vol. 9, f. 122-125.

Description

The manuscript...

Abbreviations

BV

VOC

VOC

VOC

VOC

VOC

VOC

* * * * *

[1 | f. 153] MS2: 1735. Preface du traducteur.Preface Du traducteur.
1735.

Depuis que j’ay commencé à vivre avec MS2: moy meme [add. sup. EDC]moy, et à faire attention au prix du tems, à la brieveté de la vie, à l’inutilité des choses auxquelles on la passe dans le monde[,] je me suis MS2: <eronnée> étonnée [corr. EDC]étonnée MS1: d’avoir perdu tant de tems a des choses si inutilles, [omitted, eye skip, corr. eds. from MS2]d’avoir perdu tant de tems a des choses si inutilles, d’avoir eu un soin extreme de mes dents, de mes cheveux, et d’avoir negligé mon esprit et mon entendement. J’ay senti que l’esprit se roüille plus aisément que le fer, mais qu’il est bien plus difficille de luy rendre son premier poli.

Des reflections si sensées, ne rendent pas à l’ame, cette flexibilité que le manque d’exercice luy otte quand on MS1: <passe> a passé [corr. sup. EDC]a passé la premiere jeunesse. Les fackirs des Indes, perdent l’usage des muscles de leurs bras, à force de les laisser dans la mesme posture, et de ne s’en point servir. Aussi perd t-on ses idées quand on neglige de les cultiver. C’est un feu qui meurt si on n’y jette pas continuellement le bois qui sert à l’entretenir.

MS1: [marker for new paragraph]MS2: [no new paragraph]Voulant donc reparer, s’il est possible, une [2 | f. 153v] si grande faute, et tacher de replier cet arbre desia MS1: <tres> trop [corr. sup. EDC]trop avancé, et de luy faire porter MS1: <le fruit> les fruits [corr. EDC]MS2: le fruitles fruits qu’on peut encor s’en promettre, j’ay cherché quelque genre d’occupation, qui pust en fixant mon esprit, luy donner cette consistance MS1: [parentheses add. EDC]MS2: si je puis m’exprimer ainsi [del.](si je puis m’exprimer ainsi) qu’on n’acquiert jamais, en ne se proposant pas un but dans ses etudes. Il faut MS2: <se> s’y [corr. EDC]s’y conduire comme dans la MS1: <vie civile> vie civile [corr. sup. EDC, repetition]vie civile, bien savoir, ce qu’on veut estre[,] l’irresolution MS1, MS2: <produit> produisant [corr. EDC]produisant dans l’une les fausses demarches, MS1: <[...]> et [corr. EDC]et dans l’autre les idées confuses.

Ceux qui ont recû de la nature un talent bien decidé, n’ont qu’à se laisser aller à l’impulsion de leur genie, mais il est peu de ces ames, qu’elle conduit par la main, dans le champ qu’elles doivent defricher, ou embellir. Il est encor moins de ces genies sublimes, qui ont en eux, le germe de tous les talents, et dont la superiorité embrasse et execute tout. Ceux qui pouroient pretendre le plus à cette monarchie universelle des baux arts, MS1, MS2: <assignent> atteignent [corr. sup. EDC]atteignent cependant la perfection d’un seul avec plus de facilité, et en font leur favori. MS1: <Mr. de V....> Mr. de Voltaire [corr. sup. EDC]Mr. de Voltaire MS1, MS2: par exemple [add. EDC]par exemple quoy que [3 | f. 154] grand metaphysicien, MS2: grand poëte, grand historien [add. EDC]grand historien[,] grand philosophe MS2: &c [del.]&c a donné la preferance à la poesie, et l’epithete du plus grand poete français, sera aussi bien son caractere distinctif, que celuy d’homme universel.

MS1: [marker for new paragraph]Il arive quelques fois que le travail et l’etude, forcent le genie à se declarer, comme ces fruits que l’art fait eclore dans un terrain pour lequel, la nature ne les MS1: <a> avoit [corr. EDC]avoit pas faits, mais ces efforts de l’art sont presque aussi rares, que le genie naturel. Le plus grand nombre des gens pensans, car les autres sont une espece à part, sont ceux qui ont besoin de chercher en eux, leur talent. Ils connoissent les difficultés de chaque art, et les fautes de ceux qui en courent la cariere, mais le courage qui n’en est pas rebuté, et cette superiorité qui les fait franchir, leur a esté refusée. La médiocrité est, mesme parmi les elus, le partage du plus grand nombre. Les uns s’occupent à arracher les épines qui retarderoient les vrais genies dans leur course, et c’est ce qui procure tant de dictionaires, et d’ouvrages de cette espece, qui sont d’un si grand secours [4 | f. 154v] dans la litterature. Il faut bien broyer les couleurs des grands peintres. Les autres rendent compte periodiquement au public de tout ce qui se passe dans la republique des lettres. Enfin d’autres transmettent d’un pays à un autre les decouvertes et les pensées des grands hommes, et remedient autant qu’il est en eux, à ce malheur de la multiplicité des langues, tant de fois MS1, MS2: <deployé> deploré [corr. sup. EDC]deploré par MS1, MS2: <ces> les [corr. EDC]les vrais amateurs.

Je scais que c’est rendre un plus grand service à son pays, de luy procurer des richesses, tirées de son propre fonds, que de luy faire part des decouvertes etrangeres, et que MS1: <celuy qui a etabli la manufacture des draps de Varobes> Van Robés [corr. sup. EDC]MS2: celuy qui a etabli la manufacture des draps de VanrobezVan Robés [1] a esté plus utille à la France, que celuy qui a fait venir le premier des draps d’Angleterre. Mais il faut tacher de faire valoir le peu qu’on a receu en partage et ne pas entrer en desespoir, parce qu’on n’a que deux arpents à cultiver et qu’il y a des gens qui ont dix lieües de pays.

On peut appliquer aux arts ce passage MS1, MS2: <de Virgile> de l’evangile [corr. EDC]de l’evangile, sunt plures mansiones [5 | f. 155] in domo patris mei[.] [2] MS1: <et il est> Il est [corr. sup. EDC]MS2: et il estIl est certain qu’il vaut mieux donner une bonne traduction d’un livre anglais ou italien estimé, que de faire un mauvais livre français.

Les traducteurs sont les negocians de la republique des lettres, et ils meritent du moins cette louange, qu’ils sentent et connoissent leurs forces, et qu’ils n’entreprennent point de produire d’eux mesmes, et de porter un fardeau sous lequel ils succomberoient. D’ailleurs si leur ouvrage ne demande pas ce genie createur, qui tient sans doute le premier rang dans l’empire des baux arts, il exige une application dont on doit leur savoir d’autant plus de gré, qu’ils en attendent moins de gloire.

De tous les ouvrages, ceux de raisonement me semblent les plus susceptibles d’une bonne traduction. La raison et la morale sont de MS2: toustout pays. Le genie de la langue[,] ce fleau des traducteurs, se fait bien moins sentir dans des ouvrages où les idées sont les seulles choses qu’on ait à rendre, et où les graces du stile, ne sont pas le [6 | f. 155v] premier MS1: merite. <Mais> Au lieu que les ouvrages <Les ouvrages> [corr. EDC]MS2: merite. ¶Les ouvragesmerite. Au lieu que les ouvrages d’imagination peuvent estre rarement transmis de peuple à peuple, car pour bien traduire un bon poëte, il faudroit estre presque aussi bon poete que luy [3].

Mais s’il est impossible d’avoir des memoires bien fidels de l’imagination des hommes, il ne l’est pas d’en avoir de leur raison, et c’est une des obligations qu’on a aux traducteurs. Ainsi si la nature humaine en general, est redevable au sage mr Lock, de luy avoir appris à connoitre la plus belle partie d’elle mesme, son entendement, les Français le sont sans doute à mr Coste, de leur avoir fait connoitre ce grand philosophe [4]. Car combien de gens, mesme parmi les lecteurs de Lock, ignorent la langue anglaise, et combien peu parmi ceux qui ont appris cette langue de la philosophie moderne, seroient en etat d’entendre mr. Lock en anglais, et de surmonter en mesme tems les difficultés de la langue, et celles de la matiere.

Il faut, sans doute, pour se resoudre à [7 | f. 156] traduire, se bien persuader que c’est aux commentateurs, et non aux traducteurs qu’on a fait dire dans le Temple du goût:

Le goût n’est rien, nous avons l’habitude
de rediger au long, de point en point
ce qu’on MS1, MS2: <pense> pensa [corr. EDC]pensa, mais nous ne pensons point [5].

Le judicieux autheur de ce charmant ouvrage a bien senti la difference qu’il y a de composer de gros volumes sur un passage de Dictis de Crete [6] qu’on n’entend point, et dont on n’a que faire, ou de rendre propres à son pays, les travaux et les decouvertes MS2: <de tous les autres> des autres peuples [corr. EDC]de tous les autres.

Mais comme on abuse de tout, l’envie de gagner de l’argent, et d’estre imprimé a produit presques autant de mauvaises traductions, que de mauvais livres.

Si une bonne traduction n’est pas sans quelque difficulté, il sembleroit du moins, qu’il deveroit estre aisé de choisir un bon livre pour MS1: <objet> l’objet [corr.]MS2: objetl’objet de son travail[.] Cependant on voit souvent paroitre des traductions, dont l’original est desia MS1, MS2: <publié> oublié [corr. sup. EDC]oublié. Les Anglais tombent encor plus souvent que nous dans cet inconvenient. Il n’y a gueres de [8 | f. 156v] mauvais MS2: livre<s>livres français qu’ils ne traduisent, temoin Sethos [7] et tant d’autres. MS1: Cependant [add. EDC]MS2: [absent]Cependant le genie profond des Anglais MS2: <deveroit> devroit [corr. sup. EDC]deveroit les rendre moins avides de nos livres qui sont frivoles pour la plus part, en comparaison des leurs.

MS1: [marker for a new paragraph]MS2: [no new paragraph]Il me semble qu’on pouroit appliquer aux livres français ce que le comte de MS2: Roscomon<e> [corr. EDC] Roscomon a dit MS1, MS2: <des> de nos [corr. EDC]de nos vers: que tout l’or d’une MS1, MS2: <line> ligne [corr. sup. EDC]ligne anglaise tirée à la filiere française rempliroit plusieurs MS1, MS2: <volumes> pages [corr. sup. EDC]pages[.]

The weigthi bullion, of one sterling line
draun MS1: to [add. sup. EDC]to a french wire would trough all MS1, MS2: <plages> pages [corr. sup. EDC]pages shine [8].
Le mot line en anglais signifie MS2: egalement ligne et vers <egallement> [corr. sup. EDC]ligne et vers egallement[.]

Je crois que ce qui rend les traductions si communes ches MS1, MS2: <eux> les Anglais [corr. sup. EDC]les Anglais, c’est que l’etude MS2: <des> du [corr. sup. EDC]du français faisant partie de leur education, il y a plus de gens parmi eux à portée de traduire.

Il y a bien des traducteurs MS1: <infidelles> infidels [corr. EDC]infidels, les uns traduisant mot à mot le deviennent crainte de l’estre. Les autres par la difficulté de saisir le sens de leur autheur donnent à costé, et rendent obscurément une pensée lumineuse que leur esprit n’a fait qu’entrevoir. Pour [9 | f. 157] ceux qui mettent leurs sotises à la place de celles de l’autheur qu’ils traduisent[,] je les regarde comme MS2: <les> ces [corr.]les voyageurs qui abusent du proverbe: a beau mentir qui vient de loin [9]. Il n’y a gueres je crois, que les traducteurs des ouvrages en langue orientalle, qui soient tombés dans cet excés.

Les difficultés de chaque art sont pour les artistes, ce que les circonstances des plus petits evenements sont pour les contemporains. L’interest qu’ils y prennent et le point de veüe dans lequel ils les envisagent, grosissent aux uns et aux autres les objets. La posterité et le public en jugent bien differement. Ainsi quoy qu’il soit vrai de dire, qu’une bonne traduction demande de l’application et du travail, il est certain cependant que la meilleure est MS2: toujours unun ouvrage tres mediocre.

Cependant tout mediocre que soit MS1, MS2: <le> cece genre de litterature, on trouvera peutestre MS2: qu’il est encorencor qu’il est bien hardi à une femme d’y pretendre. Je sens tout le poids du [10 | f. 157v] prejugé qui MS1: <les> nous [corr. sup. EDC]MS2: lesnous exclud si universellement des sciences, et c’est une des contradictions de ce monde, qui m’a toujours le plus etonnée, car il y a de grands pays, dont la loy nous permet de regler la destinée, mais, il n’y en a point où nous soyions elevées à penser.

Une reflection MS1: <qui est encor assés singuliere> sur <un> ce préjugé [...] singuliere [corr. sup. EDC]MS2: qui est encor assés singulieresur ce prejugé, qui est assés singuliere, c’est que la comedie est la seulle profession qui exige quelque etude, et quelque culture d’esprit, dans laquelle les femmes soient admises, et c’est en mesme tems la seulle qui soit declarée infame.

Qu’on fasse un peu reflection pourquoy depuis tant de siecles, jamais une bonne tragedie, un bon poëme, une histoire estimée, un beau tableau, un bon livre de physique, n’est sorti de la main des femmes? Pourquoy MS1, MS2: <des> ces [corr. sup. EDC]ces creatures dont l’entendement paroit en tout si semblable à celuy des hommes, semblent pourtant arrestées par une force invincible en deça de la bariere, et qu’on m’en donne la raison, si l’on peut. Je laisse aux naturalistes à en chercher une phisique, mais jusques [11 | f. 158] à ce qu’ils l’ayent trouvée, les femmes seront en droit de reclamer contre leur education. Pour moy j’avoüe que si j’etois roy, je voudrois faire cette experience de physique. Je reformerois un abus qui MS1: <retrancheroit> retrancheretranche, pour ainsi dire[,] MS2: unela moitié du genre humain. Je ferois participer les femmes à tous les droits de l’humanité, et sur tout à ceux de l’esprit. Il semble qu’elles soient nées pour MS1, MS2: <ramper> tromper [corr. EDC]tromper, et on ne laisse gueres que cet exercice à leur ame. Cette education nouvelle, feroit en tout un grand bien à l’espece humaine. Les femmes en vaudroient mieux MS1: et [add. sup. EDC]MS2: [absent]et les hommes y gagneroient un nouveau sujet d’emulation, et nostre commerce qui en polissant leur esprit l’affoiblit et le retrecit trop souvent, ne serviroit alors qu’à étendre leurs connoissances. On me dira sans doute que je deverois prier mr. l’abbé de St. Pierre de joindre ce projet aux siens. [10] Il poura paroitre d’une execution aussi difficille, quoy qu’il soit peutestre plus raisonable.

[12 | f. 158v] Je suis persuadée que bien des femmes ou ignorent leurs talents, par le vice de leur education, ou les enfoüissent par prejugé, et faute de courage dans l’esprit. Ce que j’ay éprouvé en moy, me confirme dans cette opinion. Le hazard me fit connoitre de gens de lettres, qui prirent de l’amitié pour moy, et je vis avec un etonnement extreme, qu’ils en faisoient quelque cas. Je commencai à croire alors que j’etois une creature pensante. Mais je ne fis que l’entrevoir, et le monde, la dissipation, pour lesquels seuls je me croyois née, emportant tout mon tems et toute mon ame, je ne l’ay crû bien serieusement, que dans un age où il est encor tems de devenir raisonable, mais où il ne l’est plus d’acquerir des talents.

Cette reflection ne m’a point decouragée. Je me suis encor trouvée bien heureuse d’avoir renoncé au milieu de ma course aux choses frivoles, qui occupent la plus part des femmes toute leur vie. Voulant donc employer ce qui m’en reste à cultiver mon ame, et sentant que la [13 | f. 159v] nature m’avoit refusé le genie createur MS1: <qui fait trouver des verités nouvelles, je> [repeated sup. EDC]qui fait trouver des verités nouvelles, je me suis rendüe justice, et je me suis bornée à rendre avec clarté, celles que les autres MS1: <avoient> ont [corr. sup. EDC]MS2: avoientont decouvertes, et que la diversité des langues rendent inutilles pour la plus part des lecteurs.

M’etant determinée à ce genre de travail, mon estime pour les Anglais, et le goût que j’ay toujours eu pour la façon libre et masle de penser et de s’exprimer de ce peuple philosophe, m’ont fait preferer leurs livres, à ceux des autres nations, et j’ay choisi MS1: <la Fable des abeilles> le livre qui [...] abeilles [corr. sup. EDC]MS2: la Fable des abeillesle livre qui a pour titre la Fable des abeilles parmi tous MS1: <ceux> <les livres> ceux [corr. EDC]ceux que j’aurois pû traduire parce qu’il me semble que c’est un des MS1: <livres> ouvrages [corr. EDC]MS2: livresouvrages du monde, qui est le plus fait pour l’humanité en general. C’est je crois le meilleur livre de morale, qui ait jamais esté fait, c’est à dire celuy qui ramene le plus les hommes à la veritable source des sentimens auxquels ils s’abandonnent presque tous sans les examiner. MS1: [add. EDC](Note I.) Mandeville MS1: <Le petit fils [...] et un fils d’un Hollandois> [add. del. marg. EDC]MS2: note *(Note I.) MS2: C’etoit un François refugiéC’etoit le petit-fils d’un François refugié [11]. Il prouve par son exemple que les esprits françois ont besoin d’etre transplantés en Angleterre pour acquerir de la force. qui en est [14 | f. 159v] l’autheur, peut estre appellé le Montagne des MS1: <philosophes> Anglois [corr. sup. EDC]MS2: philosophesAnglois, à cela pres qu’il a plus de methode, et des idées plus saines des choses, que Montagne.

Je n’ay point pour mon autheur le respect idolatre de tous les traducteurs. J’avoüe qu’il est assés mal ecrit en anglais, MS1: <et> qu’il [corr. EDC]MS2: et qu’ilqu’il est quelques fois plein de MS1: et qu'il passe [...] suites dangereuses [add. marg. with marker EDC]MS2: longueurs. Aussi ai-je pris la libertélongueurs et qu’il passe quelque fois le but come quand il dit par exemple qu’un voleur est aussi utile à la societé qu’un eveque qui done l’aumone [12], et qu’il ni a point de merite à sauver des flammes un enfant pret à en etre devoré [13], et dans bien d’autres MS1: endroits, <cela n’est point vray> il avance [...] etre dangereuses. J’ay eu soin [corr. sup. EDC]endroits, il avance plusieurs choses qui ne sont pas vraies et qui pouroient etre dangereuses[.] J’ay eü soin de mettre un correctif à ces endroits MS1: <qui pouroient avoir un sens dangereux> afin d’empecher [...] suite dangereuses [corr. sup. EDC]afin d’empecher qu’ils n’ayent des suites dangereuses. [14] J’ay pris la liberté MS1: <de l’elaguer en> d’elaguer son style en [corr. sup. EDC]MS2: de l’elaguer end’elaguer son style en plusieurs endroits, et de retrancher tout ce qui n’etoit fait que pour les Anglais, et qui avoit un raport trop unique à leurs coutumes.

J’ay pris aussi la liberté d’y ajouter mes propres reflections, quand la matiere sur laquelle je travaillois m’en suggeroit, MS1, MS2: <et> que [corr. EDC]que je croyois meriter la peine d’estre ecrites. Mais affin que le lecteur puisse les discerner, j’ay eu soin de les marquer par des guillemets.”. [15]

On trouvera dans MS2: <le> cece livre des pensées qui pouront paroitre un peu hardies, mais il ne s’agit, je crois, que d’examiner si elles sont justes, car si elles sont vraies, et si elles apprennent aux hommes à se connoitre, elles ne peuvent manquer d’estre utilles [15 | f. 160] aux gens qui pensent, et c’est pour ceux là seullement que ce livre est destiné. Odi prophanum vulgus et MS1: <artes arceo> arceo [corr. sup. EDC]MS2: <artes> arceo [corr.]arceo. [16]

J’avoüe qu’ayant eu la temerité d’entreprendre cet ouvrage, j’ay celle de desirer d’y reussir. Je me crois d’autant plus obligée d’y donner tous mes soins que le succés seul peut me justifier. Il faut du moins que l’injustice que les hommes ont eu de nous exclure MS1: <de la litterature> des sciences [corr. sup. EDC]MS2: de la litteraturedes sciences, nous serve à nous empecher de faire de mauvais livres. Tachons d’avoir cet avantage sur eux, et que cette tyranie soit une heureuse necessité pour nous, de ne MS1: leur [add. sup. EDC]MS2: [absent]leur laisser que nostre nom à condamner dans nos ouvrages.

MS1: [title and text add. EDC]MS2: [absent]Avertissement du traducteur

Je n’ay point traduit la Fable des abeilles qui a donné lieu aux remarques, parceque il faudroit que cette traduction fut en vers et que je n’en fais point, d’ailleurs elle me paroit peu necessaire, chaque remarque est un petit traité de morale[.] J’y ay mis des titres aulieu des vers de la [16 | f. 160 ] fable qui sont dans l’original anglais, et je crois que ce livre n’en sera pas moins utile et moins agreable au public[.]

[1] Émilie here takes an example that is certainly familiar to her. The Manufacture royale de draps d’Abbeville, known as the Manufacture des Rames, had been created in Abbeville by Josse Van Robais (1630-1685) in 1665, on the initiative and with the privilege of Colbert. At its peak in the eighteenth century, it employed more than 1800 workers in the establishment itself and more than 10000 home workers. It supplied European courts with fine luxury linen.[2] John, 14:2. – “Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père” (trad. Lemaître de Sacy).[3] Thème développé par Voltaire dans la vingt-deuxième des Lettres philosophqiues, dont la version anglaise parut en 1733, la française en 1734.[4] On 23 October 1734, Émilie writes to Maupertuis: “je partage mon temps entre des maçons et Locke car je cherche le fond des choses comme un autre” (E29). No doubt she was then reading An essai concerning human understanding in the original English. The first edition had appeared in 1689, Voltaire had a copy of the “6th edition, with large additions”, London, A. and J. Churchill and S. Manship, 1710 (BV 2149). She had probably already read the translation by Pierre Coste (1668-1747), published in 1729: Essai philosophique concernant l’entendement humain, ou l’on montre quelle est l’etendue de nos connoissances certaines, et la maniere dont nous y parvenons. Par M. Locke. Traduit de l’anglois par M. Coste. Seconde édition, revûë, corrigée, & augmentée de quelques additions importantes de l’auteur qui n’ont paru qu’après sa mort, & de quelques remarques du traducteur, Amsterdam, Pierre Mortier, 1729. Voltaire’s library now contains only an edition of 1758 (BV 2150).[5] Voltaire, Le Temple du Goût, lines 87-89 (OCV, vol. 9, p. 126). The poem in its first version, of which theses lines form part, dates from 1733.[6] It is Voltaire who mentions Dictis de Crète in the prose passage following these lines, refering implicitely to Anne Dacier’s edition of Dictys Cretensis Ephemeris belli Troiani (1680). Dictys Cretensis was a legendary companion of Idomeneus during the Trojan War, and the purported author of a diary of its events.[7] Sethos, histoire ou vie tirée des monumens anecdotes de l’ancienne Égypte. Traduite d’un manuscrit grec, by the abbé Jean Terrasson (1670-1750) had appeared in 1731 (Paris, Jacques Guerin; BV 3263). An English translation by Thomas Lediard (1685-1743) came out the following year (London, J. Walthoe, 1732). Voltaire seems to have shared Émilie’s opinion of this work. In October 1731 he wrote to Jean-Baptiste-Nicolas Formont: “le Sethos de l’abbé Terrasson prouve que des géomètres peuvent écrire de très méchants livres” (D435).[8] This quotation comes from a poem by the Irish poet Wentworth Dillon, 4th Earl of Roscommon (1633-1685), An essay on translated verse, lines 53-54. It should read: “The weighty bullion of one Sterling line / Drawn to a French wire would through whole pages shine”. It seems likely that Émilie had read the poem in The Works of the Earls of Rochester, Roscomon, and Dorset: the Dukes of Devonshire, Buckinghamshire, &c. With memoirs of their lives, etc. (London, 1731), a work recorded in Havens & Torrey, Ferney catalogue, p. 224, no 2744, but no longer present in the library at Saint Petersburg. Voltaire refers to Roscommon in the Lettres philosophiques, letters XXI and XXII, see ed. Olivier Ferret and Antony McKenna, Paris, Classiques Garnier, 2010, p. 152.[9] See Dictionnaire de l’Académie française, ed. 1762, art. “Loin”: “On dit proverbialement, A beau mentir qui vient de loin, pour dire, qu’un homme qui revient d’un pays fort éloigné, peut débiter tout ce qu’il veut, sans craindre qu’on puisse le convaincre de fausseté.”[10] Allusion to the theories of Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre (1658-1743) and in particular to his Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe (1712) and his Polysynodie (1718), a work the publication of which provoked his expulsion from the Académie française of which he had been a member since 1695.[11] Bernard Mandeville, who was born on 20 November 1670 at Rotterdam, was in fact the great grandson of a Huguenot who had emigrated to the Netherlands around 1595.[12] See below, chapter 8, “Que les mechants sont encor utilles à la societé”, paragraphe [131], corresponding to Mandeville, p. 83 : “If an ill-natur’d Miser […] should be Robb’d of Five Hundred or a Thousand Guineas, it is certain that as soon as this Money should come to Circulate, the Nation would be the better for the Robbery, and receive the same and as real a Benefit from it, as if an Archbishop had left the same Sum to the Publick”.[13] See below, chapter 1, “De l’origine des vertus morales”, paragraph [45], corresponding to Mandeville, p. 42 : “There is no Merit in saving an Innocent Babe ready to drop into the Fire : The Action is neither good nor bad, and what Benefit soever the Infant received, we only obliged our selves; for to have seen it fall, and not strove to hinder it, would have caused a Pain, which Self-preservation compell’d us to prevent”.[14] See Émilie’s commentaries to the above passages, below, paragraphs [131], note 4 and [45], note 2.[15] We remind the reader that certain passages marked with running quotes in our base text are not additions by Émilie Du Châtelet but are her translations of Mandeville‘s text; see below, paragraphs [121], [139] and [173].[16] Horace, Odes, III, 1, 1: “Je hais la foule profane et je l’écarte” (trad. F. Villeneuve, Les Belles lettres, 1991, p. 95). Quoted by Voltaire in a letter to Cideville of 24 July [1734] (D772).

No translations are available for this text yet.

No downloads are available for this text yet.